Il y avait sept petites personnes
qui rentraient du boulot
Elles n'avaient pas de barbes
ni même de chapeaux mous
Elles étaient toutes blanches
en forme de boules
Elles roulaient en file indienne
pour vite vite à la maison
se remettre de leurs émotions
rondes et lisses
À la maison une par une
elles sautaient dans le tablier
de la grande personne
Celle-ci leur chantait une chanson
en les appelant par leur prénom
Elle seule savait dans quel ordre
elles s'endormiraient
Et par là même qui était l'une
qui était l'autre
Au matin elles déboulaient
toutes fraîches toutes rebondies
Elles avaient rêvé du boulot
et se réjouissaient
d'y retourner
La grande personne quant à elle
passerait la journée
dans son cercueil de verre
à écouter le silence
sans penser
à rien
—
La vaisselle infinie. Ces choses qui s'accumulent et qui ont besoin d'être nettoyées et puis rangées. Chaque jour un petit peu. Souvent le matin en faisant le café. Comme les rêves qui décantent le vécu. Chaque nuit un petit peu. Ces émotions qui s'accumulent et qui ont besoin d'être nettoyées (comprises) et puis rangées. Chez moi c'est le bordel. Il y a trop de choses. Trop de livres, trop de papiers, trop d'objets qui ne sortent jamais des armoires. Trop d'armoires. Faire chaque jour une petite vaisselle ou noter mon rêve de la nuit, c'est regarder par le petit bout de la lorgnette. Me donner l'impression que j'avance. Mais je n'avance pas. La vaisselle du jour, le rêve de la nuit, c'est le symbole de ma stagnation. Pourquoi tu ne t'achètes pas un lave-vaisselle, me dit souvent ma fille. Je lui réponds que j'y pense. Demain je m'achèterai un lave-vaisselle. Demain je m'attaquerai à toutes ces choses qui m'encombrent et ne sont ni comprises (assumées) ni rangées. Demain.
MinaeMinae, from Germany, make psychedelic electronic music with a dense collage of sound and giddy, skittering beats. Bandcamp New & Notable Mar 22, 2020